Le syndrôme d’hyperstimulation ovarienne (HSO) est une complication rare, mais potentiellement grave, de la stimulation ovarienne qui s’observe dans la deuxième phase d’un cycle stimulé (phase lutéale) ou même, parfois, en début de grossesse.

Il se manifeste par la présence d’ovaires de taille très augmentée, ainsi qu’une rétention d’eau parfois importante.

Ce syndrôme n’apparaît que si 2 conditions sont réunies:

– Une stimulation par un agent inducteur de l’ovulation, principalement les gonadotrophines (anti-oestrogènes ou hormones gonadotropes).

– La présence d’hCG, soit à la suite d’administration d’hCG en vue du déclenchement de l’ovulation (l’HSO apparaît alors dans un délai de 3 à 7 jours après le déclenchement), soit à la suite d’une production d’hCG par le placenta en cas de grossesse (dans ce cas, l’HSO apparaît dans un délai de 12 à 17 jours après l’ovulation ou le déclenchement).

Ce syndrôme pouvant s’exprimer selon des degrés de gravité variable (forme mineure, modérée ou sévère selon l’OMS) a fait l’objet de nombreuses recherches en matière de prévention, de diagnostic et de traitement, car il s’agit d’une complication potentiellement fatale en FIV, qu’il ne faut pas sous-estimer. Néanmoins, avec les traitements actuels et le monitorage préventif, selon FIVNAT, aucun cas de décès n’a été observé jusqu’à présent en France.

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Incidence:

L’hyperstimulation reste, heureusement, une complication rare de la PMA, bien que sa tendance actuelle soit à une légère augmentation.

Le taux d’hyperstimulation modérée serait de l’ordre de 3 à 6%, et celui de l’HSO sévère de 0,1 à 2%.

Quelles en sont les origines?

A l’heure actuelle, les origines exactes de l’HSO ne sont pas encore bien comprises et plusieurs facteurs pathogènes ont été évoqués.

Toujours est-il qu’un taux très élevé d’oestradiol, ainsi que la présence d’hCG, entraîneraient l’activation de facteurs qui augmenteraient la perméabilité des plus petits vaisseaux du corps humain (les capillaires). Ceux-ci laisseraient alors s’échapper une partie du liquide qu’ils contiennent dans les espaces entourant les vaisseaux (extra-vasculaires).

On observe alors:

– Une réduction de la quantité de liquide présent dans le système vasculaire (hypovolémie).

– La présence de liquides dans d’autres espaces (rétention d’eau): ascite (liquide dans le ventre), épanchement pleural (liquide autour des poumons) notamment.

On observe également une perturbation du système de la coagulation, avec un risque accru d’embolie.

Quelles en sont les manifestations cliniques?

Les symptômes vont dépendre du degré de gravité et apparaître, généralement, dans les 3 à 10 jours qui suivent le déclenchement.

Le plus souvent, ils disparaissent spontanément au bout d’une quinzaine de jours (avec les règles), mais peuvent parfois se prolonger, notamment en cas de grossesse.

Il faut remarquer que toute femme traitée en PMA qui présente une excellente réponse aux traitements aura bien souvent des manifestations cliniques comprables à celles de l’HSO.

Le diagnostic d’HSO repose alors sur la variation du poids de la patiente, et on parlera de véritable HSO lorsque la prise de poids dépasse 3Kg.

– Dans la forme mineure (la plus fréquente), on observe généralement des douleurs et des tensions dans le ventre et le bas du dos.

– Dans la forme modérée, s’ajoutent des troubles digestifs tels que des nausées, vomissements et diarrhée.

– Dans les formes sévères (très rares) on peut observer des chutes de tension, des palpitations, des difficultés à respirer. Rarement des insuffisances rénales et embolies sont observées.

L’augmentation de volume des ovaires prédispose également à un risque de torsion des ovaires.

Quelles sont les facteurs de risque?

Plusieurs facteurs de risque de développement d’une HSO ont pu être mis en évidence:

– un taux élevé d’oestradiol, ainsi qu’un nombre important de follicules au moment du déclenchement.

– une supplémentation en hCG en phase lutéale.

– plus fréquent chez les femmes jeunes

– présence d’un syndrôme des ovaires micro-polykystiques (OMPK)

– protocoles avec administration de gonadotrophines.

Mais, le plus grand facteur de risque réside dans le non-respect des règles de prévention (à savoir, un surdosage en gonadotrophines et un monitorage inadéquat).

Prévention de l’HSO :

Le traitement de cette complication passe avant tout par la prévention de sa survenue!

Cette prévention comprend, notamment, la détection des femmes à risque (OMPK ou nombre important de petits follicules présents dans les ovaires au début du cycle).

Chez ces femmes, il faudra diminuer les doses de gonadotrophines administrées, éviter toute supplémentation en hCG en phase lutéale et débuter le monitorage un peu plus précocement que dans les autres cas.

Il est donc important que le protocole de FIV soit adapté à chaque femme, en fonction de son profil gynécologique.

Lorsque le taux d’oestradiol augmente trop ou qu’un nombre trop important de follicules en croissance est observé, il est conseillé d’arrêter la stimulation, tout en poursuivant le blocage hypophysaire, jusqu’à ce que le taux d’oestradiol retourne à une valeur acceptable, et ensuite déclencher et ponctionner (c’est ce qu’on appelle la technique du coasting).

Enfin, lorsque l’HSO débute avant le transfert des embryons, ce transfert est généralement annulé pour éviter une aggravation en cas de survenue d’une grossesse.

Les embryons seront alors congelés, si leur qualité le permet, et transférés au cours d’un cycle ultérieur.

Quel en est le traitement?

Toute femme présentant des symptômes d’HSO doit être attentivement examinée par un gynécologue, et une échographie, ainsi qu’une prise de sang sont généralement réalisés pour exclure les formes sévères.

Le traitement des formes mineures à modérées comporte:

– une mise au repos

– éviter les rapports sexuels qui favorisent les torsions des ovaires dans ces circonstances

– pour les douleurs abdominales, de la glace sur le ventre, ainsi qu’un antispasmodique sont généralement efficaces

– pour les nausées, un antiémétique pourra être prescrit

Les symptômes disparaissent généralement spontanément en quelques jours ou avec les règles dans ces formes.

Lorsque les symptômes s’aggravent ou sont d’emblée importants, la femme devra être hospitalisée de manière à pouvoir effectuer une surveillance adéquate et administrer un traitement adapté.

Sources:

– « Assistance médicale à la procréation » Philippe Merviel / Editions ESKA

– « AMP L’assistance médicale à la procréation en pratique » Jacques Lansac et Fabrice Guérif / Edition Masson

– FIVNAT

Les complications de la PMA:

OUI, MAIS… :
La religion face à la PMA