Au commencement il y avait … l’infanticide…

Pendant de nombreux siècles, l’attitude adoptée face aux enfants indésirables consistait, tout simplement, à les supprimer, et ceci sous couvert des droits parentaux et de l’Etat.

Les premiers efforts de protection de l’enfance se basèrent donc sur la lutte contre ces crimes.

L’infanticide laissa alors la place aux châtiments corporels ou à l’abandon pur et simple. Ces enfants martyrisés ou livrés à eux-mêmes présentaient une survie médiocre, étaient asservis ou évoluaient vers le banditisme. Au début de l’ère chrétienne naquirent les premiers mouvements de solidarité envers ces enfants.

Les premières traces d’établissements destinés à accueillir ces enfants remontent aux IVe et Ve siècles.

Au XVIe siècle, en raison de la misère engendrée par les guerres de religion, François Ier favorise la multiplication de ces bâtiments (les fameux Hotel Dieu de Paris et de Lyon, notamment).

Mais les resources étaient maigres, puisque provenant uniquement de la charité publique, et très vite ces endroits devinrent surpeuplés et insalubres. La mortalité y était très importante. Les enfants étaient « nourris » et logés jusqu’à l’âge de 5 ou 6 ans, à la suite de quoi, les survivants étaient à nouveau abandonnés et livrés à eux-mêmes.

C’est Margueritte de Valois qui introduisit dans ces bâtiments les premières nourrices, afin d’enrayer la surmortalité observée chez ces nourrissons.

A la fin du XVIe siécle, Saint-Vincent de Paul intègre à ces programmes de protection les enfants illégitimes et leurs mères qui faisaient l’objet de véritables persécutions à cette époque. Il instaure également le placement nourricier (les nourrissons étaient placés chez des mères nourricières, principalement situées à la campagne, et non plus dans les bâtiments insalubres).

Mais, les maigres salaires attribués à ces nourrices menèrent rapidement à la création de traffics et de malpratiques vis-à-vis de ces enfants.

Et au XVIIIe siècle, une première ébauche de règlementation en matière de protection de l’enfance apparaît. Mais celle-ci n’arrive malheureusement pas à enrayer les abus.

Ce n’est qu’au XIXe siécle que voit le jour la première politique de placement et de protection de l’enfance, avec la création de l’Assistance Publique qui centralise et règlemente le placement des enfants chez les nourrices.

Les placements ne sont, dès lors, plus réservés aux seuls enfants « sans famille », mais également aux enfants ayant des parents et soumis à la maltraitance, l’insalubrité ou la misère, dans le but de leur offrir un avenir meilleur.

On arrache ces enfants à leur famille, contre leur volonté et les centres sont très vite dépassés par le supeuplement et l’insalubrité. Cet état de fait s’aggrave après la deuxième guerre mondiale, et un engouement public permet d’instaurer le placement intrafamilial des enfants.

Les lieux d’accueil se multiplient à une vitesse phénoménale et le contrôle devient, dès lors, plus difficile.

Au milieu du XXe siècle, le bienfondé de cette politique de placement est remise en cause, suite à des travaux qui tendent à démontrer l’effet néfaste de la séparation (certains enfants étaient déplacés dans 15 lieux différents avant l’âge de 3 ans), et l’importance de la relation de l’enfant à ses parents (la séparation de l’enfant de son milieu d’origine est la plupart du temps quasi totale, générant craintes de l’enfant vis-à-vis de ses propres parents et révolte des parents biologiques qui en arrivent à voler leurs propres enfants aux institutions et nourrices). De plus l’état déplorable dans lequel sont retrouvés certains enfants placés alerte l’opinion publique.

Suite à ces découvertes, s’imposa la nécessité de préserver les relations parents-biologiques et enfants, lorsque c’est possible, de donner à l’enfant un substitut maternel qui lui apporte les soins et l’amour nécessaires à son bon développement, et de restreindre les séparations au maximum.

C’est en tenant compte de ces objectifs qu’oeuvrent, à l’heure actuelle, les services de placement familial et de familles d’accueil.

Source: Le placement familial, de la pratique à la théorie » de Myriam David cou « Le placement familial » Myriam David

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